Sous mon crayon...
Portrait en studio d'une jeune femme javanaise en sarong (détail), Kassian Céphas, XIXe siècle, Rijks Museum, Amsterdam
...un regard du passé
Portrait en studio d'une jeune femme javanaise en sarong (détail), Kassian Céphas, XIXe siècle, Rijks Museum, Amsterdam
On ne
connaîtra probablement jamais l'identité de cette Javanaise qui vécu il y
a 2 siècles. Chose rare dans l'iconographie d'alors, son regard,
pourtant, nous parle et semble s'exprimer directement, sans mise en
scène, sans le filtre du colonialisme qui faisait des femmes
d'"ailleurs" de "petits bijoux d'étagère", de "jolies poupées" passives
et souvent érotisées.
Si ce regard nous touche tant, c'est peut-être justement qu'il a été saisi par un photographe lui aussi javanais, et non par un Hollandais comme nous l'aurions imaginé.
Si ce regard nous touche tant, c'est peut-être justement qu'il a été saisi par un photographe lui aussi javanais, et non par un Hollandais comme nous l'aurions imaginé.
Kassian, de son nom javanais, a pris pour nom de famille son nom de baptême chrétien, Céphas, et a débuté une carrière de photographe dans des conditions qui restent inconnues, bien que l'on sache qu'il était proche de la communauté européenne.
Il est surtout connu pour ses photographies d'architecture, tels les temples de Prambanan, et de la famille du sultan de Java.
Quant à moi,
c'est bien évidemment par ses photographies d'artistes et d'artisans que
j'ai découvert son œuvre ; puis c'est devant ses portrait studios que
je suis restée hypnotisée.
Travaillant sur l'iconographie de la danse royale du Cambodge durant la colonisation, je suis de plus en sensible aux fragments qui, parmi les traces du passé laissées par les dominants, me permettent d'accéder un peu aux voix des femmes colonisées.
Mais voix n'est pas toujours parole ; elle peut être geste dansé, elle peut être regard. Comme ces regards-ci, francs et directs, qui expriment une fierté et une assurance qui fut bien trop déniées aux Cambodgiennes comme aux Javanaises sous la plume des hommes colons.
Travaillant sur l'iconographie de la danse royale du Cambodge durant la colonisation, je suis de plus en sensible aux fragments qui, parmi les traces du passé laissées par les dominants, me permettent d'accéder un peu aux voix des femmes colonisées.
Mais voix n'est pas toujours parole ; elle peut être geste dansé, elle peut être regard. Comme ces regards-ci, francs et directs, qui expriment une fierté et une assurance qui fut bien trop déniées aux Cambodgiennes comme aux Javanaises sous la plume des hommes colons.
Young Javanese woman, Kassian Cephas, c. 1885, National Gallery of Australia
Sources et références :
Christine BARTHE (éd.), "Ouvrir l'album du monde. Photographies 1842-1896", Musée du Quai Branly & Louvre d'Abu Dhabi, 2019.
Claude GUILLOT, "Un exemple d'assimilation à Java", Archipel n°22, 1981. pp. 55-73
https://artblart.com/tag/kassian-cephas-young-javanese-woman/
Musée Rijks & National Gallery of Australia
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